Quand il se
réveilla, il était plus de six heures. Le champignon avait disparu, mais dans
la direction de l’ouest le ciel avait pris une vilaine couleur rosâtre, comme
une brûlure fraîchement cicatrisée. Stu s’était traîné sur le côté de la route
et il était resté là, à bout de forces. Les frissons avaient repris. La fièvre
aussi. Il se toucha le front avec le poignet pour essayer de se faire une idée
de sa température. Aucun doute. Il avait beaucoup de fièvre.
Kojak sortit de nulle part avec
un lapin dans la gueule. Il le déposa aux pieds de Stu en remuant la queue, attendant
qu’on le félicite.
– Bon chien, dit Stu d’une
voix lasse. Bon chien.
Kojak agita la queue un peu plus
vite. Oui, je suis un sacré bon chien, semblait-il dire. Mais il continuait
à regarder fixement Stu comme s’il attendait quelque chose. Le rituel était
incomplet. Stu essaya de voir ce qui pouvait manquer. Son cerveau fonctionnait
vraiment au ralenti, comme si quelqu’un lui avait versé un plein seau de
mélasse dans la boîte crânienne pendant son sommeil.
– Bon chien, répéta-t-il en
regardant le lapin mort.
Puis il se souvint qu’il fallait
du bois, sans être sûr cependant qu’il avait encore des allumettes.
– Va chercher du bois, Kojak,
dit-il pour faire plaisir au chien.